Le télégramme
http://www.letelegramme.com/index.cfm?page=telegdisplay&class=articletelegramme&method=affiche_entier&object=20050315_010b070400_9637671&statichtml=1Angers. Les accusés se posent en victimesLa cour d'assises de Maine-et-Loire a entamé hier la troisième semaine du procès de pédophilie et d'inceste d'Angers. Elle s'est penchée sur les personnalités d'accusés de second plan, qui ont mis en avant un passé difficile, voire se sont posés à leur tour en victimes .
La Cour d'assises a entamé hier les interrogatoires de personnalité d ' une vingtaine d ' accusés soupçonnés d ' avoir gravité autour du noyau dur du réseau. (Photo AFP) (cliquez sur la photo pour l'agrandir)
Vendredi, Patricia, figure féminine-clé parmi les 66 accusés, avait mis en avant des viols et agressions sexuelles sur sa personne, sans élément à charge probant.
Petite rousse comme Patricia dont elle est la tante, Véronique, 41 ans, évoque à son tour son « enfance très difficile » et, après quelques instants, des « abus sexuels » qu'aurait commis sur elle son frère. Le président, Eric Maréchal, s'étonne : « Pourquoi attendez-vous dix minutes d'interrogatoire pour parler d'abus sexuels ? »
« J'ai tout gardé en moi
parce que j'ai honte »
« Parce que j'ai tout gardé en moi. Parce que j'ai honte », balbutie l'accusée, jugée notamment pour proxénétisme sur six des 45 enfants visés par les faits, entre janvier 1999 et février 2002, et viols sur deux mineures.
Sans preuve non plus, Magali, une cousine de Patricia âgée de 27 ans, assure pour sa part avoir été « violée par un frère » et « touchée » par un de ses oncles, Jean-Claude, qui comparaît à son côté.
« Pour moi, c'est important de le dire aujourd'hui. Mon avocat m'a dit de mettre les cartes à plat sur toute ma vie », fait valoir la jeune femme.
Les accusés hommes adoptent une autre ligne de défense, qui semble viser cependant le même but : apparaître comme victimes, en l'occurrence d'erreurs judiciaires concernant des délits et crimes sexuels qui leur ont été imputés par le passé.
Jean-Marie, homme de 49 ans qui parle déjà avec une voix de vieillard, met en exergue une vie d'épileptique qui n'a « fait que deux ans d'école mais beaucoup d'hôpital psychiatrique ».
Condamné en mars 2004 à dix ans de réclusion pour « viol sur mineur de 15 ans », il dit avoir été « jugé à tort ». Il n'a pourtant pas fait appel.
L'ancien compagnon de Magali, Daniel, qui dit vomir « les pédophiles » a pour sa part été reconnu coupable d'« agressions sexuelles » avant la mise au jour de l'affaire d'Angers. Lui aussi affirme avoir été « condamné à tort », mais n'a pas demandé non plus un second procès. Faute de « papiers en temps et en heure », dit-il.
Les interrogatoires de personnalité doivent se poursuivre jusqu'au 4 avril et le procès jusqu'à la mi-juillet.
Copyright © Le Télégramme 15/03/2005