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Procès de pédophilie d'Angers: plongée dans un dossier aux détails sordides
ANGERS (AFP),
le 07-03-2005
La cour d'assises du Maine-et-Loire va découvrir les détails sordides du dossier de pédophilie et d'inceste d'Angers, avec la longue lecture - qui a débuté lundi après-midi - de l'ordonnance de renvoi puis le début de l'examen des personnalités de quelques-uns des accusés.
Quatre greffières vont se relayer durant trois après-midis pour lire l'imposante ordonnance de mise en accusation (430 pages) rendue par les deux juges d'instruction détachées sur cette affaire, Virginie Parent et Isabelle Pavanelli.
Soixante-six personnes âgées de 23 à 73 ans comparaissent depuis jeudi devant cette cour pour des infractions concernant 45 enfants de 6 mois à 12 ans au moment des faits, prostitués, agressés sexuellement ou violés, le plus souvent dans des cercles familiaux.
Ces 39 hommes et 27 femmes sont poursuivis pour "proxénétisme aggravé commis en bande organisée", "viols", "agressions sexuelles" ou "non dénonciation de crimes".
Au cours des deux premiers jours du procès, les accusés, hommes et femmes au corps et au visage abîmés par la vie, à l'apparence souvent fruste, ont semblé ne pas saisir l'enjeu d'une affaire hors norme et très médiatisée.
Certains ont opposé une certaine désinvolture à la cour tandis que d'autres exprimaient une grande fragilité psychologique, incapables parfois de décliner convenablement jusqu'à leur propre adresse.
Selon les conclusions de l'instruction, certains des accusés "proposaient" leurs enfants à d'autres - parents, proches, voisins -, en échange de petites sommes d'argent, voire de colis alimentaires, de cartouches de cigarettes ou de pneus de voiturette sans permis. Les victimes étaient, elles, parfois récompensées par des bonbons ou quelques pièces déposées dans leur tirelire.
Les sévices sexuels auraient été commis entre janvier 1999 et février 2002 notamment dans l'appartement d'un couple de trentenaires situé à Saint-Léonard, un quartier périphérique d'Angers, et dans le cabanon d'un jardin ouvrier des Ponts-de-Cé, dans la banlieue angevine.
Les débats commenceront jeudi, avec les interrogatoires de personnalité des membres d'un des principaux clans familiaux mis en cause. La cour s'intéressera jeudi au cas de Franck, un employé de 35 ans, puis, vendredi, à son épouse Patricia, 32 ans, considérés respectivement comme l'un des organisateurs et la "trésorière" du réseau.
L'itinéraire du père de Franck, Philippe, un ouvrier de 59 ans qui encourt la réclusion criminelle à perpétuité, sera évoqué également jeudi.
Deux frères d'une autre famille, Eric, un maçon de 38 ans, accusé à lui seul de proxénétisme sur 35 enfants, et Jean-Marc, 40 ans et sans profession, seront interrogés vendredi après-midi. Ces deux pédophiles en situation de récidive légale risquent également la perpétuité.
Les interrogatoires de personnalité des 66 accusés sont prévus pour durer au moins jusqu'au 4 avril.
L'examen des faits eux-mêmes ne devrait débuter qu'après cette date, faisant craindre aux avocats de la partie civile que la cause des enfants victimes soit un peu oubliée en ce début de procès.
Des avocats de la défense ont de leur côté brandi le risque d'un "procès de masse" face à la "monstruosité" du dossier (environ 200 témoins retenus, 25.000 pages), estimant que l'affaire était "injugeable en l'état".
Le verdict est attendu fin juin, après une semaine de délibéré.
© AFP.